J5 : 21 mars 2020

Pour faire ses courses au printemps, les gants d’hiver sont désormais de rigueur : on tâte les pommes ou les poireaux avec de la laine ou avec du mohair.

Il paraît que c’est le week-end, il paraît que c’est le printemps, il paraît qu’on va fabriquer des masques pour les distribuer aux plus exposés, il paraît qu’on pourrait réquisitionner des centres culturels, des bâtiments scolaires pour permettre à ceux qui n’ont pas de chez soi d’en avoir un au moins pour appliquer les recommandations sanitaires, il paraît qu’on pourrait organiser des distributions alimentaires, qu’on pourrait ouvrir des points d’eau, mettre à disposition des savons, il paraît qu’on pourrait permettre aux demandeurs d’asile de subvenir à leurs besoins, il paraît qu’on pourrait interdire les expulsions sans audience, il parait que c’est le printemps – mais faut pas déconner c’est pas non plus Noël.

Mr R. attend depuis ce matin sur le trottoir de sa maison de retraite – il faut passer par la rue pour aller prendre l’air dans le parc, on lui a bien dit que c’était interdit, comme c’est la troisième fois, on lui a fait savoir qu’il ne pourrait plus rentrer – à 91 ans, il vient d’être exclu de son EHPAD : il y a des fugueurs tardifs comme il y a des printemps précoces.

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