J9 : 25 mars 2020

En l’espace de quelques jours, nous sommes devenus spécialistes des microbes et des virus, nous avons appris leur durée de vie sur différentes surfaces, en fonction des surfaces, nous avons appris à différencier les masques N95 des FFP2 et des FFP3, nous avons appris à fabriquer des gels hydro-alcooliques à base d’aloe vera, nous avons appris les concepts de charge virale, de porteur sain, de patient zéro, de patient asymptotique, de zoonose, de cluster, de taux de létalité, nous avons appris à avoir un avis sur la chloroquine et l’hydroxychloroquine, nous avons appris à ne pas en avoir, nous savons même ce qu’est un décubitus ventral et comment le pratiquer. Et tout ça parce qu’il faudrait que la vie économique soit la moins impactée, et la vie tout court, on s’en cause ?

On a beau faire, nous ne sommes pas tous égaux devant cet étrange paradoxe : aimer, c’est s’éloigner. C’est oublier que certaines distances sont plus enviables que d’autres.

Mme A. s’inquiète pour son fils, il est retourné en prison, parce qu’il avait bu, parce qu’il a frappé sa copine, parce qu’elle a porté plainte, Mme A. s’inquiète parce qu’il n’y a plus de parloir – on peut encore écrire des lettres pour avoir des nouvelles ils lui ont dit à l’administration –, plus de parloir, plus de bibliothèque, plus de cours, plus d’atelier, quelques promenades tout au plus, il va devenir fou, elle dit Mme A., ils sont entassés comme des poules là-dedans, si le Coronamachin il rentre, c’est fini, il est fini.

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