J16 : 1er avril

Le préfet de Seine-et-Marne, homme bien inspiré s’il en est, a réalisé que le confinement était l’occasion rêvée de renouer avec le temps béni des colonies, le temps des plantations, celui du paradis, et voilà donc que ce noble homme a trouvé la pirouette – envoyer 56 réfugiés contribuer à des travaux de plantations et de récoltes là où manquaient les petites mains : on le sait les fraises et les asperges n’attendent pas.

Depuis plusieurs nuits, Mme H. fait le même rêve, le même rêve, un rêve où elle sert dans ses bras celles et ceux qu’elle aime, un rêve où les proches trop loin, les lointains trop proches, les absents, les amis, les amours, les morts trop tôt et les pas vraiment-nés, elle les serre sur son cœur, le même rêve tous les soirs, et dans son rêve il y a une fête, une grande fête, dans son rêve à Mme H. tout le monde s’étreint, se fait des baisers, des câlins, une grande fête de l’amour et de la joie où on se dit qu’on va y arriver, que ce sera pas si pire, que demain sera bien, et chaque matin, Mme H. se réveille, elle est seule dans sa chambre et elle attend demain.

Cruel comme chaque année, Avril s’ouvre sans poisson mais avec une idée : la grève des crédits et celle des loyers.

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