J17 : 2 avril 2020

Pendant que d’autres font des petits plats à tour de bras, testent des recettes, sont au four et au moulin, à la cuisson et aux oignons, prennent kilos et tailles en trop, les retenus du Centre de Rétention Administratif du Mesnil-Amelot commencent une grève de la faim pour dénoncer le manque d’hygiène et les risques de contamination, pour demander aussi la fermeture de ce lieu où l’on enferme hommes et femmes, familles et enfants, pour les expulser sans même les juger, ce soir non plus ils ne mangeront pas.

Ce matin, Mme C. a trouvé le courage d’aller faire les courses, Mme C. est ce qu’on appelle une mère célibataire, un parent isolé, ce qui veut dire que Mme C., quand elle part faire les courses, elle ne peut pas laisser ses deux petits de 4 et 7 ans, donc elle les emmène quand elle va faire les courses, et ce matin, en allant au magasin, Mme C. s’est faite insulter dans les rayons, elle s’est faite insulter par des clients puis elle s’est faite expulsée par le directeur du magasin, expulsée avec ses deux enfants, alors elle va chercher un autre magasin pour faire ses courses avec eux sans gêner le directeur et sans gêner les clients.

Peu à peu, on réalise que la « distanciation sociale » désigne moins un éloignement physique visant à limiter la propagation du virus, qu’un abandon par les classes dirigeantes des classes populaires ou comment remplacer la lutte des classes par le code de la route et les systèmes de domination par les distances de sécurité.

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