On peut remercier le Préfet de police de Paris de couper le souffle à ceux qui n’en ont plus ou si peu : les voilà doublement entubés, non seulement par des respirateurs mais aussi parce qu’on le sait, au fond et il l’a dit, s’ils sont malades c’est qu’ils l’ont bien cherché.
Depuis plusieurs semaines maintenant, Mme. M. coud des masques qu’elle apporte tous les vendredis à la permanence de la Brigade de Solidarité Populaire de Paris Nord, et hier matin Mme M. a rejoint pour la première fois la maraude du canal, elle a distribué cent-cinquante panier-repas, elle a collé un peu partout dans son immeuble des affiches pour appeler ses voisins à participer à des dons, pour les appeler aussi à rejoindre les maraudes, et elle réalise peu à peu, Mme M., que c’est finalement le peuple qui sauve le peuple.
Grâce au confinement le profil du gendre ou de la belle-fille idéal est en train de changer vitesse grand V, adieu startupper, néo-manageur, banquier aux gros gains et autres gratte-papiers, adieu bullshit jobs qui ne servent à rien, et ne servent surtout pas l’intérêt commun, la hiérarchie du prestige, de la reconnaissance et de l’utilité sociale se fait un petit ménage de printemps, c’est le retour en grâce de la permacultrice ou de l’apiculteur, de l’éboueur ou de l’enseignant-chercheur, de l’institutrice ou de l’infirmier, du jardinier ou de la musicienne, de la chauffeure de bus ou de l’aide-ménager, de là à imaginer une révolution copernicienne des salaires il n’y a qu’un pas, et si on s’y risquait ?