J20 : 5 avril 2020

Semaine après semaine, la vie des confinés finit par se confondre avec Fenêtre sur Cour – on se regarde, on s’observe, on espère être diverti dans sa sédentarité par la fenêtre d’en face ou par celle d’à côté, on le souhaite un peu fou, son voisin, romanesque, intense, histoire de ne pas trop s’emmerder et d’être encore obligé d’allumer la TV.

Mme G. a peur pour sa fille, tous les soirs à 20h elle ferme ses fenêtres, elle quitte son balcon, Mme G., si elle s’écoutait – quand elle entend applaudir –, elle voudrait juste hurler, s’arracher la gorge et crier, crier pour couvrir le bruit des mains qui claquent, pour les couvrir parce qu’elle aimerait crier qu’il n’y a pas de héros, qu’il n’y a pas de courage, elle aimerait dire Mme G. qu’il n’y a que des travailleurs, qu’il n’y a que des travailleuses, et qui font leur métier, qu’ils font du mieux qu’ils peuvent, dans un hôpital qui a été détruit, et c’est parce qu’elle l’aime et qu’elle en est si fière qu’elle ne l’applaudit pas, tous les soirs à 20h.

La drague en ligne, nouvel eldorado du célibataire confiné, du couple qui bat de l’aile, des futurs divorcés : les correspondances de quarantaine lorgnent toutes sur la libération à venir ou parfois, plus pragmatiques, elles lorgnent le voisin, elles lorgnent la voisine.

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