Les soirées se peuplent de dîners fantômes, de web-apéros, de bougies soufflées virtuellement, on trinque verre contre écran, on s’embrasse avec des fonds d’écran – et on se promet que « demain ne sera pas comme avant », sauf que demain, clairement, demandera plus d’efforts qu’un changement d’écran.
M. C. vient d’accueillir une fratrie de 4, 6 et 7 ans, il vient de les accueillir parce que la mère, qui les élevait seule, s’est fait fracturer l’arcade sourcilière, les enfants ont vu leur maman se faire défoncer par le voisin du dessous, ils ont compris, les enfants, qu’ils avaient fait trop de bruit parce que c’était déjà la troisième fois que le voisin montait, ils ont compris les enfants que le voisin avait perdu patience, à cause des bruits à cause des cris, il est monté, il a craqué, il a frappé, et les voilà ici – ils ne font aucun bruit.
Villefranche-sur-Saône s’est offert un petit après-midi doublement confiné parce que l’usine Blédina, en mode première nécessité, s’est tenté un cocktail d’acide pour partir en fumée – on demande aux confinés d’encore mieux se cloîtrer, de fermer les portes, de boucler les fenêtres, pour ne pas respirer – preuve qu’à la campagne aussi, ça en chie dès lundi.