J22 : 7 avril 2020

On vérifie jour après jour la force de contorsion d’un gouvernement qui, d’un côté promet, de sanctuariser tout ce qui doit échapper au marché – à commencer par la santé – et de l’autre sucre 600 lits au CHRU de Nancy.

Mme L. vient d’être hospitalisée, elle vient d’être hospitalisée sur son lieu de travail, alors qu’elle y a passé ses nuits et ses jours, ses nuits et ses jours à s’occuper des autres, à panser, entuber et soigner, et voilà que c’est elle, maintenant, qui se trouve alitée, perfusée, entubée, elle sait qu’on ne parlera pas d’elle, Mme L., ni dans le journal ni même aux infos : elle n’est ni médecin, ni cheffe de service, ni premier ministre, Mme L. – mais elle a été là pourtant, pour tant de brefs adieux et de derniers moments, et voilà que ce soir, allongée dans le noir, Mme L. s’interroge : qui accompagnera celle qui a accompagné ?

L’Agence Régionale de la Santé a décidé de sacrifier en masse les trop vieux trop usés : passé deux personnes infectées, on ne pratiquera plus de tests là où ils sont entassés. N’était-ce pas hier soir pourtant qu’Olivier Véran, Ministre de la Santé, promettait, magnanime, pléthore de détection à compter du premier confirmé ? Il semble que l’ampleur soit toute relative : après le premier cas, on ira jusqu’à deux. Preuve que l’investissement massif, quand il s’agit du peuple, n’engage pas les mêmes opérations : d’un côté, on ajoute, et de l’autre, on soustrait.

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