Depuis le début de la quarantaine, on a signalé beaucoup de chats abandonnés, de chiens brûlés au gel, d’animaux abîmés d’avoir été désinfectés, et pourtant on n’a jamais autant publié sur l’animisme, sur l’entremêlement des vies humaines et non-humaines, sur ce tricot des vivants dont on ne peut défaire une maille, preuve qu’il y a encore quelques efforts à faire pour tout raccommoder.
Grace à une amie, M. M. a pu quitter l’appartement qu’il occupait avec douze ou treize de ses camarades, M. M. a quitté Pantin-4-chemins pour un studio deux pièces à Nogent-sur-Marne, c’est la première fois qu’il vit seul depuis des années, ça lui fait bizarre à M. M. autant d’espace et de solitude, d’habitude il doit empiler les matelas les uns sur les autres, suspendre la table par la fenêtre et là, comme son amie est partie chez sa mère dans le Sud, il a tout un appartement pour lui, tout un appartement pour attendre des nouvelles, pour attendre de savoir quand il pourra retourner travailler, pour attendre de savoir s’il sera payé, on ne lui a rien dit, rien à propos du chômage partiel, rien à propos des congés payés, il est en CDI à Burger King mais comme il est sans-papiers, il se dit qu’on en profitera sans doute pour ne rien lui donner, alors pour l’instant M. M. regarde étonné les deux grandes pièces à vivre qu’on lui prêtées, il profite de l’espace, il profite des lumières.
Le McDonald de Saint Barthélémy à Marseille vient de se transformer en lieu de distribution solidaire, les chambres froides, les lieux de stockage permettent de redistribuer des produits de première nécessité à plus de cent-cinquante familles des quartier Nord, McDonald France n’ayant pas donné son autorisation pour cette opération de solidarité, la bonne nouvelle c’est qu’elle se fait contre son gré – I’m lovin’ it®.