J26 : 11 avril 2020

Avec le confinement, la mer Méditerranée s’est encore plus refermée, cela fait vingt-cinq jours maintenant que l’épidémie sert d’alibi pour normaliser la non-assistance à personne en danger, Libya is worse than Coronavirus, voilà ce qu’ils disaient au bout du combiné, suspendus en pleine mer à qui viendrait les sauver, Libya is worse than Coronavirus, combien de morts en mer pour combien de vie sauvées ?

M. S. s’inquiète pour ses amis et sa famille qui sont restés au Bangladesh, il s’inquiète pour eux parce que le gouvernement refuse que les informations circulent, il s’inquiète parce que plus d’un tiers de l’humanité est confinée et que ses amis ignorent tout de la situation, M. S. ne comprend pas pourquoi le gouvernement préfère arrêter les gens qui publient sur le Covid-19 plutôt que d’arrêter le virus lui-même, alors toutes les semaines, M. S., depuis la France, il fait des vidéos en rohingya, en mundari, en garo et en santali, des vidéos qu’il envoie au Bangladesh via Facebook et via des sites amis, il espère que ça aidera, que ça fera passer les gestes barrières malgré toutes les barrières.

On guette le moment où il commencera à nous parler déconfinement, moins pour sauver des vies que pour l’économie, on guette ce moment où toutes celles et tous ceux qui ne peuvent pas télétravailler, on les enverra au turbin en mode surveillé, on guette ce moment où on les enverra, en limitant l’accès et contrôlant les parcours, on guette ce moment où c’est pour travailler qu’on sera contaminé, pas dans les lieux publics ni même dans les manifs, et on sera rassuré parce que la police veille, et on sera rassuré parce que l’économie, et on sera rassuré parce que relance dans la finance, alors – bonnes gens – on pourra dormir sur nos deux oreilles, et respirer parce que ouf le pire sera passé.

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