Alors qu’il n’était préparé ni pour les masques, ni pour le gel hydroalcoolique, ni pour les blouses de protection, ni pour les lits de réanimation, le gouvernement a tout de même anticipé une belle salve de 600 drones, preuve qu’il lui est plus évident de s’organiser pour surveiller plutôt que pour soigner.
Depuis bientôt deux ans, Mme L. travaille dans un ESAT et d’habitude elle est logée dans un petit studio pas très loin de son lieu de travail, mais depuis le COVID, la direction a réuni dans une maison les travailleurs en situation de handicap les plus autonomes, alors depuis un mois bientôt Mme L. vit avec des inconnus, les éducateurs ne viennent plus, les infirmières non plus, on les appelle de temps à autre pour vérifier qu’ils vont bien et on leur fait livrer les courses, Mme L. regarde souvent par la fenêtre pour voir si les arbres qu’elle a planté vont bien, la terre lui manque, d’habitude elle y met tous les jours les mains.
Alors qu’on ne cesse partout de clamer que la pandémie est l’occasion rêvée de s’organiser pour aller ailleurs que droit dans le mur d’une planète abîmée, les gouvernements du monde entier foncent tête baissée dans la croissance – et vas-y que je te piétine tous les objectifs en matière et de climat et de biodiversité, et vas-y que je te sanctifie la sacro-sainte reprise de l’économie – à tel point qu’on ne sait plus si c’est le virus qui rêve qu’il est Donald Trump ou Donald Trump qui rêve qu’il est un virus.