Aujourd’hui, pour aligner les euros de l’hôpital public, il ne faut plus compter sur les gouvernements mais sur des presque centenaires à qui ont fait faire des tours de parterre, et à grand coup d’articles, à grand coup de média on finit par récolter de quoi payer les alités, de quoi accompagner les soignants et relier les séparés, et une fois qu’ils auront bien tournés, on les oubliera à nouveau, trois petits tours et puis s’en vont.
Comme tous les vendredis, M. R. fait partie de la maraude du midi, ils distribuent – lui et ses camarades – des produits de premières nécessités à des exilés, à des personnes dans le besoin, et toutes les semaines il les voit bien, les voisins attroupés aux fenêtres, les regards curieux mais en coin, il croit même les sentir de loin, il les reconnaît, M. R., il les sent les gentils curieux, ceux qui s’ennuient, creux qui s’occupent de peu, il les sent aussi les autres, les vilains, ceux qui depuis leur fenêtres font des photos des vidéos et puis se plaignent à la mairie, font venir flics et gendarmerie, ce midi encore, ils ont été interrompus, il en a vu repartir plusieurs les mains vides et le ventre ceux, il en voulait à la terre entière, M R., il aurait pu cogner et crier et hurler, mais il s’est contenté de tendre son papier et d’accepter de se laisser contrôler pour pouvoir revenir vendredi.
Quand on sait que c’est la même personne qui décide de suppressions de poste qui ne feront qu’accentuer les difficultés scolaires, et jure que c’est par souci des élèves qu’il les remet en selle dès la mi-mai, on ne peut que se résoudre à penser que le confinement accentue le décrochage des ministres.