J47 : 2 mai 2020

Le gouvernement prépare des comités de surveillance, de traçage et de reconnaissance qu’il appellera les Anges-Gardiens : quand on passe de Mimi Mathy au flicage 2.0, on peut clairement se dire qu’on a changé d’époque.

Mme S. était tranquillement affairée dans son petit studio, le petit studio qu’elle appelle son bateau, son fils jouait au sol, et, Mme S., elle découpait elle remuait elle cuisinait, elle savait qu’il allait être 20h que les rues allaient se remplir de mains de voix et de mercis, elle s’y attendait, quand elle a entendu crier : au feu, sortez, sortez, elle s’est avancée, elle a vu de sa fenêtre des flammes sortir des immeubles, ça ne l’a pas étonnée, le quartier est fatigué, rien n’est rénové, les fils électriques sont usés, et sans réfléchir elle a pris son fils elle est descendu elle a couru dans la rue, et le matin quand ils sont revenus les pompiers continuaient à arroser les cendres que son bateau était devenu.

Et puis il y a aussi les autres morts du confinement, celles qui ne seront pas comptées, celles dont on ne parlera pas, celles qui seront invisibilisées, ce sont les femmes tabassées, étranglées, assassinées par leur conjoint leur ex leur mari : en avril, elles sont huit, NOM INCONNU avait trente-six ans, elle est morte renversée, NOM INCONNU avait la quarantaine, elle est morte étranglée, NOM INCONNU avait trente-et-un ans, NOM INCONNU avait trente-trois ans, Florence avait quarante-neuf ans, Jennifer avait trente-cinq ans, Salma avait vingt ans, Grâce avait vingt-deux ans, alors non, il n’y a pas que le Corona qui tue.

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