L’Ardèche, la Haute-Loire et la maison des sapins

C’était une belle manière de clôturer l’été et d’ouvrir de nouveaux chemins de création comme de rencontre : l’exposition des « Nouvelles du confinement » a donc pris ses valises, ses bâches, ses envies et ses micros pour s’installer – à l’invitation de Julie Moulier et des autres habitant·es (merci Séverine, mais aussi Bertrand, Emmanuelle, Fabienne et Yannick ) – dans la Maison des Sapins.

Dans ce lieu de vie collectif, qui est aussi un lieu de résidence d’artistes et de création, s’est donc improvisé un accrochage in situ ainsi qu’une soirée de lecture musicale. Les photographies et les textes de Thomas et Barbara Métais-Chastanier ont trouvé comment faire leur nid entre les branches des mélèzes, des douglas, des bouleaux et des épicéas, comme entre les vieilles poutres du Ranch. Dans la maison se sont inventées trois chambres d’écoute pour faire résonner les créations musicales de Julie Moulier (lecture) et de Sarah Métais-Chastanier (composition). La soirée autour d’un apéro et d’un couscous concoctés par les soins de tous les bénévoles et habitant·es présent·es à la maison ce soir-là (special Thanks to Anne-So, Clémence, Donia, Elsa, Laura, Pom et évidemment Séverine) aura réuni un peu plus d’une quarantaine de personnes et surtout donné envie à toute la troupe de continuer à concocter des rendez-vous ensemble sur le plateau du Haut-Vivarais, dans le vent comme dans les chemins, en allant à la rencontre de celles et ceux qui le peuplent et l’habitent. Stay tuned – we will be back.

Tout cela fut donc rendu possible par l’implication et la générosité de Sévérine André-Liébaut, Laura Benson, Donia Berriri, Anne-Sophie Boulan, Clémence Coullon, Elsa Fèvre, Thomas Métais, Sarah Métais-Chastanier, Barbara Métais-Chastanier, Julie Moulier, Pom Moulier. Merci à elleux.

Vernissage – La Ferme du Peloux

C’était le 12 mai au soir, en présence d’une cinquantaine de personnes et de la plupart des partenaires de projet collectif à l’échelle de l’Ain : le vernissage de l’exposition des Nouvelles du Confinement. Une installation in situ des 8 semaines, scénographiées dans le jardin de la ferme ainsi qu’une lecture musicale de l’enquête menée autour du Peloux (Polliat) à la sortie du confinement en mai 2020 par Julie Moulier, Sarah et Barbara Métais-Chastanier.

Bon, en vrai quelques panneaux s’étaient déjà promenés à Nivigne et Suran en avril, mais on célébrait ce soir-là les deux ans du premier confinement et surtout l’envie de prendre au sérieux toutes ces rêveries caressées autour du monde d’après pendant ces quelques 54 jours. C’était aussi pour ça l’envie de se réunir : trouver l’occasion de partager collectivement les mémoires et expériences de la pandémie, une histoire inclusive et citoyenne vécue au présent, entre les planches de la vieille grange, les poules et les chevaux. Et ça inaugurait joyeusement le début de cette exposition nomade entre lieux qui portent haut dans l’Ain les désirs d’hospitalité, de solidarité et de mutualisation, en bref ce fameux monde d’après qui existe déjà et se remonte les manches depuis pas mal d’années.

L’Exposition multisite (mai-nov. 2022)

Une exposition pour découvrir l’Ain autrement

À l’occasion des deux ans du premier confinement, l’association l’Anordinaire propose une exposition dans différents lieux, culturels ou solidaires de l’Ain pour vivre une expérience inédite, découvrir autrement nos lieux ressources, et construire une mémoire alternative de la pandémie : deux après, où en sommes-nous ? Quelles traces ces événements ont-ils laissées dans nos vies ? Comment sommes-nous passés de l’événement du confinement à la durée de la vie sous covid ?

Composée de photographies, de textes et d’une installation sonore, l’exposition vous propose de redécouvrir autrement ce quotidien collectif de la pandémie pour contribuer à la construction d’une mémoire ordinaire, inclusive et citoyenne de la pandémie en permettant également des temps d’échange. L’occasion de se rencontrer et un beau prétexte pour découvrir l’Ain autrement.

Vernissage le 12 mai 2020 à 20h à la Ferme du Peloux (Polliat)

Un projet porté par le Collectif des Nouvelles du Confinement et l’association l’Anordinaire
Avec Elsa Fèvre : coordination et médiation
David Honegger : graphisme
Barbara Métais-Chastanier : écriture
Sarah Métais-Chastanier : création sonore
Thomas Métais-Chastanier : photographie
Julie Moulier : mise en voix
Partenaires : CAF, CA3B, Ville de Polliat, MSA, Emmaüs

Ça se passe par là : pars à la découverte de l’Ain !

3-17 avril 2022 : Commune de Nivigne et Suran (Nivigne et Suran)
12 mai 2022 : L’Anordinaire / Ferme du Peloux (Polliat) // lecture musicale avec Sarah et Barbara Métais-Chastanier
15 mai au 12 juin 2022 : Fabrique du Revermont (Simandre-sur-Suran)
1er juin au 31 juillet 2022 : La Roue libre (Trévoux)
4 juin 2022 : Éco-solid’ère (Châtillon-sur-Chalaronne)
6 juin au 1er juillet 2022 : Pôle Habitat et Accompagnement, mutualité française (Hurigny, Complexe Mutualiste André Lacroze)
18 juin 2022 : Sel bressan / Ferme du Peloux (Polliat, l’Anordinaire)
11 au 15 juillet 2022 : Cie M le Mot Dit (Servignat)
16-17 juillet 2022 : La Grange aux parapluies (Saint-Julien-sur-Reyssouze)
15 août au 1er septembre 2022 : Emmaüs (Servas)
12-18 septembre 2022 : Médiathèque de Polliat (Polliat)
16-18 septembre 2022 : le Rep’R (Bourg-en-Bresse)
19 septembre au 21 octobre 2022 : ADEA (Bourg-en-Bresse)
3 octobre au 3 novembre 2022 : le Local (Viriat) // lecture musicale avec Julie Moulier et Sarah Métais-Chastanier
10 au 21 octobre 2022 : Centre Psychothérapique de l’Ain
10 au 21 octobre 2022 : CATTP – Le parchemin du CPA (Centre Psychothérapique de l’Ain)
1er au 30 novembre 2022 : L’Écrin (Étrez) // lecture musicale avec Julie Moulier et Sarah Métais-Chastanier
29 novembre au 14 décembre : Scène nationale de Bourg-en-Bresse

J54 : 9 mai 2020

Ça aura été des jours, des jours et des nuits, des heures blanches ou grises, ça aura été, Mme K. et Mr P., ça aura été Mme M. et Mr D., ça aura été des bribes des bouts des fragments dans la déprise, ça aura été le présent annulé, demain n’existe plus, le temps et l’espace sont morts hier, tu ne les as même pas vus, ça aura été J1, J2, J3, J4, J12, J35, J43, ça aura été les gestes de la lutte et ceux de la solidarité, ça aura été la peur, la solitude et l’isolement, ça aura été arrêter la clope reprendre la clope prendre tout ce qu’on peut tant que ça peut occuper, ça aura été l’invention la réinvention et des blancs immensément, ça aura été l’envie de tout recommencer l’envie du monde d’après l’envie, l’envie d’une autre vie celle qui faisait déjà tant envie, ça aura été le vieux monde qui se reluque, arrache ses cheveux blancs, il les enlève l’un après l’autre – est-ce que comme ça c’est mieux ? – ça aura été la normalité à ne plus savoir qu’en foutre, et vous pourrez bien crever qu’est-ce que ça peut bien foutre ?, ça aura été la fin des lèvres et la fin des mains, ça aura été des débuts comme ça aura été des fins, ça aura été la tentative d’apparaître, des orgasmes à demi et des amours entiers, ça aura été, appendre à faire ensemble, apprendre à dépasser, les clivages et les défaites, ça aura été renouer relier ralier se rapprocher cohabiter, ça aura été bloquer arrêter de circuler redessiner toutes les frontières, ça aura été apprendre, à faire avec peu, à faire dans peu, à faire malgré tout, ça aura été, la violence des écarts, l’effet du grand écart, et comment les creuser, bien sûr que ça va s’arranger, ça aura été vivre avec son voisin vivre sans voisin voisiner sans vivre et les reluquer les dénoncer les draguer les détester ou les envier, ça aura été la méfiance, les bonds dans les rayons quand tu croises un client les légumes distribués les courses livrées les échanges de paquets, ça aura été des rangements d’atelier des travaux infinis des haies taillées des semis plantés des plantes vertes arrosées chouchoutées bichonnées, ça aura été écouter les oiseaux bosser métro boulot dodo ça aura été continuer quand tout s’arrête, travailler sans être masqué, et flipper d’être contaminé, ça aura été le taf partout dans les quartiers populaires et la société des invisibilisés, ça aura été la matraque et le taser, ça aura été, ça aura été M. G. et Mme S., Mme C et M. D., ça aura été la relégation et les oubliés, ça aura été dans les lieux enfermés, dans les prisons et les foyers, dans les EPHAD et pour les immigrés, les craquages divers et les désirs variés, ça aura été les ruptures les usures les élastiques étirés étirés et PAF trop tendus on va te le péter, ça aura été le sport devant l’écran, les abdos et les étirements, ça aura été des résolutions l’allemand le ping-pong le jogging la méditation, ça aura été Playstation Fortnite FiFA en veux-tu en voilà, ça aura été rien de tout ça, ça aura été des puzzles des scrabbles et des pages de dessin, ça aura été des trocs de plats des trocs de graines des veux-tu et en voilà, ça aura été des heures de vie virtualisée, des réunions des zooms des skypes des continuités pédagogiques des discontinuités démagogiques des mails entassés des mailings list accumulées des ordonnances passées, ça aura été du repos des nuits blanches des états d’urgence des rêves étranglés des rêves à en pleurer des rêves chevillés au corps des rêves pour l’après, ça aura été des heures à parler, se parler comme on ne s’est jamais parlé et se dire qu’on va rattraper s’organiser, ça aura été des confidences, des départs, des morts et des réveils, ça aura été des plats encore des plats tant de petits plats, ça aura pris des kilos ça aura perdu des kilos ça aura parlé des kilos ça aura été grossophobie, ça aura chauffé dans le four, ça aura allumé des joies, ça aura été des Je vous l’avais bien dit, des Si jamais su et des Jamais plus, ça aura été des Je vous ai compris, ça aura été les gestes barrières les distances sanitaires et les dispositifs sécuritaires, ça aura été l’obscénité du pouvoir ses circonvolutions les dividendes et les millions d’euros pour le CAC40, ça aura été les attestations les flics et les rodéos, ça aura été l’école du dedans l’exercice de l’attention la vie en miniature nos existences de bonzaï le zoom sur le petit l’infiniment petit, ça aura été M. C et Mme H., Mme R. et M. B., ça aura été trois milliards de confinés, l’arrêt total de tout de tout sauf de la technologie, ça aura été Google Facebook Apple Microsoft Netflix à gogo, ça aura été les décomptes en rouleaux, les rayonnages vides, et vas-y que y en a pu et ça pue dans les rues, ça aura été le plastique et le plexi aussi, ça aura été les ponts aériens les masques disparus les masques revenus, ça aura été la Chine et l’Italie puis l’Espagne et les États-Unis, ça aura été les chansons et les spectacles sur Facebook sur Youtube, la littérature sur Twitter et pour les auditeurs, ça aura été des voyages au bout de la rue des tours de jardin des tours des maisons et des tours de con, ça aura été tous les soirs regarder les morts, compter les jours les rétablis les lits les alités et les réanimés, ça aura été lire relire faire semblant de relire, ça aura été se taper une filmographie de Truffaut ou de Toledano, ça aura été faire refaire et ne pas vouloir continuer ça aura été chercher se faire boussole perdre son Nord se projeter, ça aura été regretter, regretter de ne pas avoir d’enfants, regretter d’en avoir fait, regretter de ne pas pouvoir en faire, et ne rien regretter, ça aura été avoir peur de perdre et de retrouver, ça aura creusé percé foré en nous des trous partout, avec insistance avec obstination, ça aura creusé foré troué, par où le vent s’engouffre, regarde quand je souffle ça fait du vent en toi, ça aura été J22, J23, J24, J35, J54, ça aura été des amours éloignés des corps impossibles des tendresses étouffées, ça aura été des promesses téléphoniques, des je t’aime murmurés, ça aura été des amours entassés, des amants qui ne peuvent se retrouver, des couples fatigués, des divorces accélérés, des envies d’en finir ou de recommencer, ça aura été se donner des forces, ça aura été dis-moi que ça va que ça ira bien qu’on va trouver comment refaire qu’on va trouver comment sortir dis-moi dis-moi qu’on va avoir la force parce que ça changera pas tout seul dis-moi qu’on va avoir l’élan la gueule au combat et la rage même si on n’est pas sûr, dis-moi qu’on va avoir la paix le temps de ne pas oublier de faire ce qu’on s’est dit de dire ce qu’on s’est fait, dis-moi que ça aura été, merde, même si c’est une non-fin, même si y a pas de grande libération, mais que des promesses, des demi-promesses qu’on attend au tournant, dis-moi qu’on sera au rendez-vous et qu’on y sera nombreux.se.s, dis-moi que la colère grossit les rangs et que ça voit rouge en gilet jaune en gilet noir, dis-moi qu’on va le retrouver notre peuple, celui de l’invention et de la contestation, dis-moi que ça aura été, même si tout reste à continuer.

J53 : 8 mai 2020

Au fur et à mesure que le 11 mai approche, chacun cherche à savoir ce qu’il en est réellement des libertés regagnées – les zones sont encore floues et il semble qu’on s’en arrange pour rêver à la grande liberté, en attendant de découvrir que ce ne sera pour maintenant, puisqu’on nous concocte déjà la possibilité d’un deuxième tour – et avec ça qu’est-ce que je vous sers ?

M. G. préfère les garçons, ça fait pas longtemps qu’il commence à l’accepter, à dépasser sa gêne, à l’apprivoiser, à s’autoriser d’autres désirs et d’autres envies, mais là, depuis le confinement, il doit cohabiter avec ses parents, cohabiter avec eux qui à longueur de journée parlent des sales enculés, avec eux qui traitent les connards de pédé et les homos d’arriérés, certains jours il tente d’expliquer que c’est pas des insultes pédé ou enculé, que les mots c’est violent, et puis ses parents le regardent d’un air dépité en lui disant, c’est dégoutant alors toi tu nous fera pas ça, et puis voilà qu’ils repartent pour une nouvelle fournée de pédé et d’enculé.

À mesure que le jour de déconfinement approche, une nouvelle pathologie se fait jour : la déclaustrophobie.

J52 : 7 mai 2020

Étonnant comme selon que l’on souhaite protéger le capital ou le salarié, le droit est perçu comme un abri ou un verrou.

La trentaine bien passée, Mme C. s’occupe seule de ses filles, elle s’est séparée il y a un an déjà, mais elle commençait tout juste à se stabiliser, déménager trouver un nouveau job une première maison puis un appartement, elle jonglait plutôt pas mal avec un père franchement absent, et qui renâcle une fois sur deux pour la garde et la pension, mais là avec le confinement et son récent licenciement, elle n’arrivait plus à gérer, Mme C., à jongler entre l’écran et ses enfants, entre les courses et les devoirs, alors elle a décidé de retourner chez ses parents, quand elle est arrivée, sa mère avait mis sur son lit une couette Babar comme quand elle avait dix ans, elle a hésité entre pleurer de rire ou hurler de rage et puis elle est restée, épuisée, et elle s’est allongée, elle voulait juste dormir, Mme C., dormir sans trop penser.

On peut remercier certains et certaines, à commencer par l’Institut Montaigne, d’avoir le goût de l’épuisement ou de l’humour c’est selon, suppression d’un jour férié et d’une semaine de vacances, augmentation du temps de travail, extension des horaires, diminutions des RTT, et pourquoi pas plus simplement proposer de revenir vraiment à comme avant, au bond temps qu’on aimait tant, parce que pour rebondir franchement on pourrait aussi refaire travailler les enfants, manger les pauvres, rétablir le servage, le droit de cuissage et l’esclavage, ça éviterait à des Think Tanks de gens si importants de perdre autant de temps.

J51 : 6 mai 2020

Pour faire semblant de rouvrir les frontières, on nous concocte une nouvelle invention policière : le passeport sanitaire, biopolitique vous disiez ?

Mr. P. travaille au port d’Anvers, ça fait maintenant trois jours qu’il s’est porté volontaire pour s’équiper d’un bracelet, ça vibre et ça s’allume pour l’alerter sur le non-respect des distances de sécurité, à terme on lui a dit qu’on pourrait même savoir s’il s’était trop approché d’un contaminé, ça le rassure et ça l’inquiète à la fois cette grosse montre noire qu’il a rivé à son poignet, mais si faut ça faut ça, non ? à vrai dire il ne sait pas.

Au fil des semaines, les termes de consentement et de secret médical perdent peu à peu toute consistance – ladite protection sanitaire offre une voie royale à la diffusion des données de santé : nous voilà à deux doigts des prêts indexés, des emplois refusés pour cause de maladie, mauvais profil héréditaire ou petit cancer en gestation.

J50 : 5 mai 2020

L’utopie qui pointe le bout de son nez pour le lundi 11 mai c’est l’OPA des pistes cyclables sur le réseau routier, le modeste biclou devient objet convoité et le deux-roues, un salut pour qui doit déconfiner.

Ça fait plusieurs années que Mme G. dort dehors, son coin à elle c’est la devanture du « C’est comme ça », elle connaît bien le patron, à force, ils ont pas mal causé, elle lui garde la terrasse il lui file à manger, mais depuis la pandémie rien n’est plus comme avant, les flics ils l’ont virée cinq fois, Mme G., et plus de dix fois ils l’ont verbalisée, pour non-respect du confinement quand on sait pas où crécher, et puis y a plus de bains douches et puis y a même pas d’eau, pour boire ou se faire à manger, Mme G. certains soirs, elle crie Achevez-moi plutôt que de me laisser crever, ce sera mieux comme ça et peut-être plus vite fait.

Pour Philon, cinquante était le jour de la liberté, pour Clément d’Alexandrie, le symbole de l’espérance retrouvée, cinquante chiffre de la joie et de la fête pour les cathos, on a beau reluquer pour l’instant – ça reste à prouver.

J49 : 4 mai 2020

On pourra remercier le 11 mai de nous clarifier au moins sur un point : l’école ne sert pas à former des citoyens, à instruire émanciper ou même socialiser, mais bien à libérer les parents pour se faire exploiter dans l’usine d’à côté, CQFD.

Mme M. héberge deux jeunes mineurs sans-papiers, mais comme elle n’est que locataire, Mme M., elle se prend souvent des mots, des voisins et du proprio, elle a bien inventé des bobards, comme quoi ce serait de la famille, des cousins de très très loin, des étudiants pour pas longtemps, mais comme elle ne gagne plus rien, Mme M., elle ne sait pas combien de temps elle va garder son appartement, alors en attendant, gentiment, elle répond au proprio et elle rassure ses voisins.

Le refus de rouvrir les plages les bois et les montagnes, quand on se magne à rouvrir les usines les entrepôts et les métros dit le programme à l’œuvre depuis deux mois au moins : comme l’alibi du terrorisme s’est usé sévère depuis 2001, le gouvernement s’est emparé avec joie du virus pour continuer à glisser vers le despotisme, on vous l’a fait à l’occidentale pour que ça se voit moins bien – alors en guerre, oui, six fois au moins, cent fois, mille fois, mais contre l’état de droit.